Ex professeur de lettres et langues, Licencié en Espagnol et portugais

mercredi 2 avril 2025

L'Union Européenne

 « Les Européens »




1er avril de 2021
pour rire du début à la fin
Ils valent ils valent !
Beaucoup, beaucoup d'argent !
A l'achat et à la vente tout autant
Eh ! Eh ! Chers amis amerloques
Eh ! Eh ! Vous aussi pales yeux de shintoques
Eh ! Eh ! Écoutez bolcheviques rousquis

Sachez petit doigt dans le nez !

Qu'il n'y a pas assez d'argent
Qui puisse payer un bel européen !
Mais pouvez en avoir, un
Et si vous en valez autant
Vous pouvez en avoir cent
Voir mile gratuitement !


Eh bien ! Mettez sur le feu une belle marmite en fonte.
Mettez y un beau porctoutgai, oui tout gai
Ajoutez un bel ispangol
Se tapant le cul au sol
Eh ! Mama mia ajoutez-y aussi un ritalien,
Mafiosi, dit quelqu'un de bien,
Allez me chercher un mangeur de choucroute,
Certainement un naziland
Un bien protestant
Se faisant passer par animaland
N'oubliez pas un franciouz,
Fort en gueule et rien dans le porte monnaie.
Pensez à une betterave rouge
Poivre et sel sauce angliouz

Touillez le tout, Du courage, allez jusqu'au bout
Mais ça sent bon, c'est beau
Allez servez ! Servez ! Bien chaud.
Està de Puta madre ! Oh ! Putain.
Mais, C'est ça de l'U.E. un européen !

Gwened le 1er avril 2021 !!!

Virgile ROBALLO

***


" O Notre France ! "
Toutes Nos Frances bien aimées !
Celle des francs et des normands
Celle de ma Bretagne et de mon âme
Celle de Martinique et de ma Guadeloupe
 j'ai travaillé et navigué dans ma chaloupe
Celle des...
Aujourd'hui toutes habillées
De rouge blanc et bleu !
Allez ! Allez !
C'est le 14 juillet !
Mais punaise
Nom d'une pipe à tabac
Allez la France !
Allez " les Frances " !
Allez ! Allez ! Allez !
Les rouge blancs et bleus !
C'est notre 14 Juillet
Le coeur dans les yeux
L'âme entière dans la tête et les pieds
Vous êtes notre drapeau
Rouge blanc et bleu
Notre symbole bien aimé
Allez ! Allez ! Allez !
Les Rouge Blancs et Bleus !
C'est notre 14 juillet
Mais nous avons aussi
Mes amis et ennemis
Un deuxième drapeau, tout bleu
Avec douze étoiles dorées !
Allez ! Allez ! Allez !
Les Rouge Blanc et Bleus
Allez ! Les bleus aux douze étoiles dorées !
Tu es notre autre grand pays
O notre grande Union Européenne
Humaniste, Démocratique, Egalitaire
Du Portugal, Guadeloupe, Tahiti à la Suède
En passant par la vaillante Ukraine...
Давай ! Давай ! украинцы !
Allez ! Allez ! Allez !
Tous les Rouges Blancs et Bleus !
Et ensemble.. Ensemble !
Toutes les douze étoiles dorées !

Virgile ROBALLO
Le 14 juillet 2023

SLAVA UKRAINA

 


« Bleu et Jaune »

Du bleu et jaune Flottant au vent

C'est plus que deux couleurs

C'est plus qu'un couple de cœur

Plus qu'un étendard d'un destin

C'est le pavillon d'un immense horizon

Fait d'un ciel bleu de volontés

D'une vaste terre jaune de passions !

 

Ô ciel auréolé de bleu !

Ô terre dorée de jaune !

 

Depuis des milliers d'années humiliée

Par d'autres colonisée et dominée

Aujourd'hui torturée et assassinée

Ton histoire est vie en quête de liberté

 

Ô Ukraine ! Ô Ukraine !

 

Que c'est douloureux de lutter

Tant de sang en train de couler !

Mais Ukraine, quand on est,

C'est naturel de vouloir exister !

Давай ! C'est juste ! Tu vas gagner !

Ô ciel auréolé de bleu

Ô terre jaune au cœur doré

Ô Ukraine, belle est la liberté !

En quête désespérée d'existence

Garde patience et espérance

Tu vas joliment te marier

Soutenue, rassurée et bien aimée

Tu vas joliment te marier

A la démocratique, à la bien nommée

L’Union Européenne qui saura t'aimer !

 

Ô Ukraine Regarde et crois

Au vaste ciel auréolé

Du vert olivier du bleu de la paix

Terre, Lune et Soleil tu pourras rêver

Regarde dans le ciel azur,

Le clair de lune...   flirter

Les douze étoiles jaunes au rire doré !

 

Flotte le jaune et bleu

Quelle belle bannière

Vie et gloire à toi Ukraine !

 

Gdańsk le 08/05/2022

Virgile ROBALLO


***


« Salut ! Salut ! »

 

Привет Украина !

Quel temps chez vous ?

Ras le bol ! Ras le bol !

Mais quel temps fait-il en Ukraine ?

Pas de soleil à Marioupol !

Le soleil noir et blanc breton

Brille d'Ouessant à Clisson,

Pleure de douleur dans l'âme

Tout l'Ar Mor et l'Ar Goat, de Bretagne.

Quel temps chez-vous ?

Tremble le ciel bleu de Marioupol !

Meurent, meurent sous les bombes

Les fiers visages jaunes de tournesol

Pleuvent les missiles assassins

Pestent encore ces salauds de canons

Tuent injustes les bombes russes

Hommes, femmes et innocents enfants

Purée, punaise, putain ! Caca de chien !

Hétéroptères ! doryphores ! blattes ! Patates

Par-dessus la casquette ! Ras le bol !

Punaise ! Pas de soleil à Marioupol

 

Ce honteux soleil

Se cache partout

Se moque de tout

Et même de ceux qui

Luttent pour nous !

 

Quel temps chez-vous ?

O ciel bleu d'Ukraine

O ciel blanc de Russie

Poutenka ! "Vade retro Satanas !"

Retire toi Satan

Retire toi du Kremlin

Et des terres du peuple Ukrainien

 

Quel temps chez-vous ?

Pas de soleil à Marioupol !

Il se cache partout

Se moque de tout

Et même de ceux qui

Luttent pour nous !

 

Quel temps chez-vous ?

Et toi blanche colombe

À l'olivier volé

Pourquoi tu n’y voles plus ?

Слова украина !

 

Vannes le 21/04/2022

Virgile ROBALLO

 

samedi 11 janvier 2025

Wald, l'Amadis de Gaule

Wald,l'Amadis de Gaule

par

Virgile ROBALLO


C'est un extrait du Roman : Wald l'Amadis de Gaule.
C'est une fresque sociale qui se passe dans les années 60 dans un village du nord du Portugal. Les lieux et les personnages sont fictifs. 
  
Il était déjà quatre heures du matin. La lune avait encore son cœur dans les étoiles, mais le soleil se frottait déjà les yeux. Il ne voulait pas se lever tard, que diable ! On marchait sur la fin avril, et le printemps ne tenait à l'hiver que par un fil. Un fil, non pas de coton ou de lin, mais de soie, avide de briller sous le soleil de mai.

Petit Wald brillait d'impatience dans son nouveau survêtement bleu marine. Pas moyen de fermer l'œil de la nuit. Bien avant l'heure du réveil, il sauta du lit comme un cabri. C'était le grand jour. Le jour du départ ! Un jour de brouillard, mais aussi un jour d'espérance, de nouveauté, le jour du grand saut dans l'avenir inconnu. Mais cet inconnu ne pouvait pas être pire que l'enfer du présent.

  • Papy, mais tu as oublié le rendez-vous avec Amadis de Gaule ?

  • Mais non, mon petit chevalier de la Blanche Lune...

  • Alors dégaine ton épée sinon...

  • Mais ne crie pas si fort, Wald ! Sinon, tu vas réveiller tout le village et attirer l'attention du père Trampoline et... Eh ! Eh ! Tu pourras dire adieu à ton Amadis de Gaule !

C'était Rachel qui parlait ainsi tout en prenant Wald dans ses bras encore chauds du lit.

  • Calme-toi, mon petit chevalier. Veux-tu dire adieu à Amadis de Gaule avant de l'avoir rencontré ?

  • Ne t'inquiète pas, mamie Rachel !

C'était la première fois que Wald appelait Rachel « Mamie ». Elle essaya de cacher la tendresse inattendue de ce joli mot. Elle se retourna légèrement pour masquer les larmes abondantes de joie qui coulaient sur son visage cinquantenaire. On aurait dit les fortes pluies du début de l'automne débordant le lit trop sec du fleuve Côa. Cependant, ces larmes ne causèrent pas les dégâts imprévisibles des eaux du Côa, mais un déluge de bonheur dans son cœur.

  • Oui, Wald, c'est bien d'écouter ta mamie, lui souffla son papy, surpris, plus souriant que ce moment de l'aube au petit matin.

  • Oh, papy, tu me parles toujours comme à un enfant.

  • Mais non, mon petit chevalier !

  • Papy, je ne suis plus un enfant admirateur des romans de chevalerie...

  • Ah ! Tu ne veux pas aller à la rencontre d'Amadis en Gaule, en Bretagne, en France, et que sais-je encore ! — Oui, Monsieur David, mon papy ! Parfois, je ne sais plus ! D'autres fois, j'ai besoin de me réfugier dans la fiction des romans de chevalerie. Oui, papy, parfois papa et maman me manquent.



Puis, changeant brutalement de ton, il le fixa dans les yeux :

  • Par contre, je sais, je sais...

  • Tu sais quoi ? demanda papy, inquiet.

  • Ce que tu veux, c'est fuir ton Portugal de merde !

David se raidit.

Ne sois pas vulgaire, Wald ! Monsieur sait tout ! Tu devrais savoir que j'aime le Portugal ! C'est quand même notre pays ! Mais ce Satan Lazar...

David s'interrompit, puis, plus ferme :

  • Ce n'est pas le moment, Wald ! Vraiment, tu exagères ! Puis, plus conciliant et presque souriant : Il faut y aller... Tu veux rater ta rencontre avec ton Amadis de...

  • C'est ton pays, pas le mien. Moi, je suis né en Angola. C'est là-bas que sont mes parents...

  • Wald, c'est aussi en Angola que tu les as perdus ! Non ? rétorqua son papy avec un certain ressenti.

  • Tu crois que je ne le sais pas ? répondit Wald, furieux.

David soupira.

  • Je sais, Wald. Comment puis-je oublier leur mort injuste ? Ils ne méritaient pas la fin qui fut la leur. Ton Angola à toi en est responsable ! Non ! Tu oublies qu'ils étaient mes seuls enfants, Wald !

  • C'étaient mes parents avant tout ! Mon père n'avait pas peur ! Mon père ne craignait pas ton Satan Lazar de merde ! Mon père n'avait peur ni de ton Trampoline ni de personne ! Et maman encore moins ! Toujours peur ! Toujours se cacher ! Toujours parler en silence ! Moi, je n'ai pas peur ! De quoi avez-vous peur ? De ce curé, de cette marionnette qu'est le père Trampoline ? N'ayez pas peur ! Puis, se transformant presque en général haranguant ses troupes : N'ayez pas peur, ni de la prison, ni des camps de concentration, ni de l'assassinat...

David secoua la tête.

Monsieur Va-t-en-Guerre n'a peur de rien ! Beaucoup de courage et de vaillance, mais loin de la réalité... Wald, tu oublies les manigances, les menaces, les mensonges, les tortures, les répressions. Tu sembles oublier ce qui est advenu à des résistants comme Catarina Eufemia, Amílcar Cabral, Candido de Oliveira ou le général Humberto Delgado...

David s'arrêta net et se tourna vers Wald, plus sérieux que jamais.

Wald, tu es mon petit-fils. Je n'ai pas besoin d'ajouter d'adjectifs pour définir mes sentiments envers toi. Tu dois comprendre que ton courage ne doit pas te faire oublier la prudence. Dans certaines heures sombres, il n'est pas sage d'être héroïque au point de perdre la vie. Sache que, parfois, un homme vivant est plus utile à la cause qu'un héros mort.

Wald détourna le regard, pas convaincu.

Papy, on va quitter Roustina sans peur. On part parce que nous avons envie de partir. On part parce que nous voulons quitter ce pays. On n'a pas peur ! On n'a pas peur ni du loup de Lisbonne ni de sa mauviette, le père Trampoline !

Rachel intervint enfin, avec un sourire tendre :

  • Hé, les hommes ! On dirait un combat entre le coq gaulois et le coq de Barcelos...


  • Puis, avec une tendresse maternelle :

- Ce n'est rien, mon petit chéri. Viens dans mes bras, mon petit cœur ! 

Rachel, en ouvrant grand ses bras, était un havre de paix, calmant ce vent de tempête qui avait durement blessé la vie de Wald.

-  Mais Wald, tu sais que si le père Trampoline apprend que...

Oh, Mamie ! Tranquille ! Tranquille ! Le père Trampoline est, à cette heure-ci, dans de beaux draps !

Pourquoi dans de beaux draps ? Que lui est-il arrivé ?

Pas uniquement à lui, Mamie, tout le village est à feu et à sang !

Oh ! Mais c'est si grave ! Je ne suis au courant de rien !

  • Comment pouvait-il en être autrement ? Mais, Mamie, vous ne pensez qu'à fuir à salto, comme des lapins traqués à travers les broussailles de l'Espagne et les neiges des Pyrénées !

    Tu exagères, Wald ! Mais que s'est-il passé alors ? Raconte-moi, mon petit rossignol.»

Les paroles de Rachel étaient autant curieuses que sucrées, comme les cuillerées de miel de la Serra da Estrela adoucissant le café aigre qui venait de bouillir sur le feu.

- Je vais tout te dire ! Tu vas rire, Mamie ! Et si tu aimais la bagarre, comme dans les films de cow-boys, tu rirais aux éclats en te tapant le ventre. Mais tu es trop "Jésus de Nazareth tendant l'autre joue" pour être frappée une nouvelle fois !

Ah ! Allez, va ! Ne me taquine pas ! Donc, ce n'est pas trop dramatique. Tant mieux !

Ah ! Peut-être que tu riras jaune aussi ! Tu verras...

Ah, mince ! Je ne voudrais pas me faire trop de soucis. Tu sais, Wald, ces derniers temps ont été tellement usants qu'un rien me met à plat et me jette à terre ! Je n'ai plus le courage de résister. Parfois, mes forces disparaissent comme un morceau de sucre dans du riz au lait... »

L'image du riz au lait illumina le voile du palais de Wald, comme le soleil du midi au printemps, après des mois de pluies hivernales, éclairant les prairies en pente de Roustina.

- Du riz au lait ! Et pourquoi pas du lait au tapioca, saupoudré de mes initiales à la cannelle ? C'était beau à regarder et bon à déguster ! Miam ! Miam ! Que c'était bon, Mamie ! Depuis combien de temps n'en cuisines-tu plus à ton petit Wald ? Pauvre Wald ! Wald le délaissé, on peut le dire ! Mais, malheureusement, il n'y en a que pour Papy ! Pour Papy, du canard aux petits pois ! Pour Papy, de la morue à Bras ! Il n'y en a que pour Papy !

Tu exagères beaucoup, Wald, mais je dois convenir que tu as un peu raison ! Un peu seulement, Wald ! Je vais remédier à cela, mon petit lapin !»

Puis, Rachel, d'un regard curieux et insistant, demanda :

- Mais ne te fais pas prier, Wald. Vas-y, raconte ! Que s'est-il passé de si important au village ? Je suis curieuse et je meurs d'impatience. Je veux savoir, Wald.

Se sachant au centre d'une curiosité inespérée, Wald en profita pour dramatiser la scène et se donner de l'importance.

(le père Trampoline)

- Écoute, ma petite Mamie ! C'est la guerre civile au village !

Comment ça ? Quel crâneur tu fais ! N'exagère pas ! Allez, raconte simplement ce qui s'est passé !

La guerre, la guerre civile, Mamie !

Ah ! À ce point-là ? Oh, Wald !

Pour faire simple, le village est divisé en deux bandes adverses. Celle qui soutient Monsieur le Curé, c'est-à-dire les trois ou quatre familles riches du village et les deux ou trois bigotes. Tout le reste est en faveur d'Albertinho...

Albertinho ? Mais quel Albertinho ?

Tu ne le connais peut-être pas ! Allez, ne fais pas la sainte Nitouche qui ne sait rien. Je ne te crois pas !

Mais non, Wald !

Comment ça, toi, la religieuse ?

Je ne suis point la religieuse dont tu parles !

Ah ! Tu renies déjà tes croyances ?

Wald, mais tu as bu du poison ou quoi ! Ne viens pas me chercher des poux là où il n'y en a pas ! Ce n'est pas parce que l'on change de vie que l'on change de sentiments, de croyances !

Et que sais-tu de ma vie ? Ne te permets pas de juger sans connaître, s'il te plaît !

Après une minute de silence, Rachel reprit avec calme :

- Encore que rien n'est définitif. Je ne regrette rien, Wald. Ni le présent, où je me sens bien, ni le passé, dont je n'ai pas à rougir. C'est la vie ! Mais Wald, continue la narration des événements au lieu de te poser en donneur de leçons !

Oui, Mamie ! Tu as raison ! Je t'aime beaucoup ! Peut-être plus que Papy, mais parfois, je sens le diable en moi ! J'ai l'impression que le mal me taraude, me tenaille, m'étouffe, me mine et m'érode de l'intérieur !»

Rachel ouvrit de grands yeux avant de murmurer :

- Mais t'es stupide ou quoi, Wald ? Explique-toi ! Je ne te comprends pas !

Moi non plus, Mamie... Parfois, je ne me comprends pas moi-même !»

  • C'est-à-dire quoi, Wald ! Il faut toujours te tirer les mots de la bouche !

Mais c'est cela, Mamie ! Parfois, un mal-être, une force insoupçonnée, là, à l’intérieur de ma poitrine ou dans mon cœur, je ne sais pas exactement où , me pousse à me retrancher dans une sorte de triste nostalgie. Je ressens alors le besoin de me réfugier dans une profonde caverne et de fuir le monde ! Je me sens entraîné, poussé vers un silence taciturne, happé par un abîme sans fond. Je me laisse emporter vers une mare d'absence, de doute, et de manque de confiance.

Mon pauvre bonhomme… murmura Rachel, une larme glissant le long de son visage soudain assombri par la tristesse.

Et puis, à d'autres moments, Mamie, je me sens habité par le diable.

Le diable ! Mais tu es fou, mon petit chéri !

On dirait qu’il me pique, m’incite, m’accule à la méchanceté, à l’irrévérence, à la vengeance. Dans ces instants là, j’en veux à mon père, à ma mère, à Papy, et parfois même à l’Hérétique...

Et à ta mamie ?


Non, pas à toi, ma petite Mamie Rachel ! Tout le contraire ! Tu n’es responsable de rien. Toi, tu es arrivée à l’heure juste. Toi, tu es tombée du ciel au bon moment. Toi, tu es ma famille ! Ma famille ? Mais que dis-je ! Ai-je encore une famille ? Ne suis-je pas un orphelin ?

Mais pas du tout, Wald ! Tu es un peu ingrat, Wald !

Papa et Maman sont morts, et tu connais les circonstances ! Ah, l’Angola... Parfois, je l’aime, parfois, je le déteste ! Pourquoi ce maudit pays a-t-il assassiné mes parents, mes deux parents ? Qu’a fait mon père ? Qu’a bien pu faire de mal ma mère ? Pourquoi, mais pourquoi sont-ils partis dans ce pays de misère ? Pourquoi ont-ils été chassés de ce Portugal honni comme des chiens ?

Du calme ! Du calme, mon petit lapin ! Il ne faut pas tout voir en noir comme tu le fais. Souvent, les choses sont moins sombres qu’elles ne le paraissent. Dans l’obscurité, il faut chercher la nuance, la partie grise, et parfois même un éclat de blanc. Ce qui paraît sombre au début s’éclaire avec le temps, devient lumineux. De la lumière, Wald ! Il faut y croire, mon petit ! Toujours croire au meilleur et faire en sorte d’y parvenir !

Mais Mamie, ne fais pas de détours ! Tu essaies encore d’esquiver la vérité, et je te vois venir : tu veux m’embobiner avec tes belles paroles ! Tout cela, tu me l’as dit mille fois ! Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi mes parents, mes deux parents, ont été tués, ensemble, au même endroit. Ce n’est pas troublant, ça ? Pourquoi sont-ils allés dans ce pays de barbares ?

Rachel, bien qu’elle lisait dans le visage de son Wald toute la douleur et la détresse, ne pouvait cautionner ces paroles méprisantes à l’égard du peuple angolais. Elle ne connaissait pas tous les détails de la tragédie qui avait frappé la famille de Wald. David, son nouvel ami qu’elle considérait presque comme son mari, lui en avait parlé, mais sans entrer dans les détails. Le moment n’avait jamais été propice, puis la routine de la vie avait pris le dessus. Elle reprit donc son garçon d’un ton à la fois réprobateur et compréhensif.

Attention à ton vocabulaire, Wald. Ne sois ni excessif ni extrémiste, ni dans les paroles ni dans les actes.

Mais Mamie…

Écoute-moi, mon Wald. Les extrêmes ne mènent qu’à la violence, à la haine, à la guerre. L’Angola est un pays riche en culture, en histoire, en courage. N’oublie pas qu’ils ont lutté pour leur liberté, pour leur indépendance, après des siècles d’occupation étrangère.

(l'Angola le pays de Wald)

Pourtant, beaucoup disent le contraire. Même le père Trampoline l’a répété à l’église à maintes reprises !

Ce curé, qui n’en est pas vraiment un, a encore une fois perdu une belle occasion de se taire. D’abord, il ferait bien d’apprendre l’histoire de ce pays, et pas seulement celle racontée par les vainqueurs. Ensuite, il devrait faire preuve d’humilité, de sagesse, pratiquer la tolérance et aimer son prochain, comme le fit celui qu’il est censé représenter dans son temple et dans ce petit monde de Roustina...

Et alors ?

  • Alors, au lieu de cela, il mange à la table des oppresseurs

  • et des profiteurs de ce pays, puis passe ses dimanches

  • à déverser son fiel sur les petites gens. Ce ne devrait pas être sa place, Wald.

Loups et renards ! Mais je ne comprends pas ! Que veux-tu dire par là ?

C’est un sujet un peu complexe pour ton âge, même si tu es un garçon doué et malin. Ne t’inquiète pas, mon petit Wald, tu comprendras plus tard. Chaque chose en son temps. Comme disait mon défunt père Salomon :

- ...et les vaches seront bien gardées.

Quant à moi, ajouta Rachel, je pourrais dire que le père Trampoline, au lieu de protéger les poules du poulailler de Roustina, les livre aux renards de Soutugal !

Mais Papy dit qu’il faut protéger les moutons du loup !

Oui, oui… Les moutons, les poules… Dans cette histoire, ce sont toujours eux qui se font manger !

Pas toujours, Mamie !

Ma regrettée mère Annah disait souvent : « C’est du kif-kif bourricot. » C’est du pareil au même, Wald. Mais lis donc La Fontaine ! Tu comprendrais mieux ces histoires de loups et d’agneaux.

Mais Mamie ! Comment veux-tu que je lise Jean de La Fontaine alors qu’il n’y a qu’une Bible à la maison ?

  • Ah oui, tu as raison… Mais une fois chez ton Amadis de Gaule, tu auras l’embarras du choix ! Tu pourras lire Don Quichotte, un vieux monsieur au cœur jeune et bon. Tu pourras lire La Chèvre de Monsieur Seguin, Le Petit Chose…





Wald éclata de rire et, en imitant une chèvre, se mit à dandiner sa barbichette.

Oh, Mamie ! Mais quand est-ce qu’on part chez cette fameuse chèvre ?

C’est l’histoire d’une chèvre éprise de liberté, parfois un peu insupportable… Un peu comme toi dans tes mauvais jours !

Mais Mamie, je ne suis pas une chèvre quand même !

Bien sûr que non, ma petite biquette ! Mais… changeons de sujet, veux-tu ?

Oui, oui, Mamie ! Mais… pourquoi mes parents ont-ils été assassinés à Nova Lisboa ?

Je ne sais pas, Wald…

Tu mens ! Tu mens comme tous les autres ! Va ! Tu es pareille !

Non, Wald. Je ne sais pas vraiment…

Tu le sais, mais tu me le caches ! Avoue-le ! Arrête de tergiverser comme les autres !

Wald… Je t’ai déjà dit que tout n’est pas noir ou blanc dans la vie. Il y a un temps pour tout… et peut-être que le moment n’est pas encore venu.

  • Ah ! Mamie ! ... Mais peut-être qu'il est temps que tu me fasses rire ! Non ?

    Fin de l'extrait n°1.....

    Découvrez l'extrait N°2

    Virgile et Lina

ROBALLO