jeudi 12 janvier 2017

Ô ! Mon capitaine général du Royaume du Portugal

 
 
Ô ! Mon capitaine général
Du royaume du Portugal
Dans mes rêves je vois
Une grande et belle baie
Et ce n'est pas tout

Je vois des hommes brûlés par le soleil
Un peu plus, mais presque comme nous !
Au fond de la mer j'aperçois
Marcher des sauterelles de mer,
Noires, blanches, rouges, bleues et vert
Mais, mais comment nomment-on ces bêtes-là ?

- Des « camarões » en portugais !

Ô ! Mon capitaine, Ô ! Vent Simoun
Permets-moi, de nommer, cette terre Cameroun !

Je vois encore un estuaire,
Ressemblant à un « gabão »...

Fais, fais mon petit moussaillon
Nomme donc, ce pays, Gabon !

Et puisque tu aimes le parler emphatique et pathos
Nomme aussi cette bourgade « Lagos »
En mémoire de ta belle ville de Lagos
Et pour combler ton amour, pour le sud du Portugal !

Ô ! Mon Capitaine Général !
Maintenant un grand fleuve, eaux noires et gaies
Les natifs semblent le nommer  le Zaïre
Permets-moi de le renommer Congo en portugais

Mais pourquoi, pourquoi moussaillon,
Veux-tu en changer le nom ?

Tu arrives tu imposes ta religion et ta loi !
Mais ces hommes qui habitent là
Depuis des millions d'années
Ont découvert et occupé ces terres bien avant toi !

Mais moussaillon, grimpe encore, grimpe
Toujours plus haut, je perds confiance
Depuis 1418 nous naviguons. Nous naviguons
Vers tous les continents, dans toutes les directions
Tirant des caps, choquant ou étarquant les voiles,
Naufrageant, échouant, mourant
Tantôt au vent portant,
Tantôt le remontant.

Mais où se trouve-t-il donc ce cap des Tourmentes
Que je veux changer en cap de Bonne Espérance ?

Ô ! Mon Capitaine, patience, patience
Tu finiras bien par trouver ce chemin maritime mythique
Lorsque tu doubleras ce cap et le sud de l'Afrique.
Mais pour le doubler,
La force des monstres marins et celle des courants
Tu devras dompter,
De la côte, tu devras t'écarter
Si tu veux éviter
Les courants forts et contraires
Pour ton avidité de richesses, satisfaire !

En la glorieuse année de 1498
Tu arriveras enfin à toute allure
Dans un paradis d'or, d'épices,
Sous les lois du dieu Mercure
Tu commercialiseras à toute blinde
Un Eldorado nommé Inde.

Pendant des siècles avec ta belle caravelle
Tu vas labourer dans tous les sens la vaste mer
Puis récolter, secouer l'arbre de l'argent
Perdre l'honneur
Trouver la douleur
La tristesse et la mort

En Chine,
En Indonésie,
Aux Philippines,
Au Japon,
En Amérique,
Et pour finir
Tu arriveras flagada !
Dans ce pays où il n'y avait rien pour toi
Que tu as nommé :
Cà nada ! Ou Canada !

Tel-Aviv  (Israël) 13/01/17
Virgile ROBALLO