-
Allez, viens
dans mes bras mon petit lapin angolais.
Tu sais que malgré tout j’aime ton Angola ! Oui prends le petit coussin de
ta maman, tu seras mieux assis pour écouter cette histoire de cette pauvre
Ibérie…
-
Mais papy tu
m’as dit que cette histoire ressemblait à ma vie, à notre vie… Je te
connais ! Tu vas encore inventer, imaginer des…
-
Ecoute Wald je
crois que ma vie, la tienne est l’histoire de ce Portugal-là. C’est
pareil !
-
Comme tu
veux ! Mais Papy jusqu’à quand vas-tu nous faire poiroter là ! Même
Batista dresse les oreilles.
-
ça va ! ça
va Wald ! ça vient ! Ce qu’ils peuvent être exigeants les enfants de
maintenant. Même Batista s’y met ! Arrête de bouger ta queue là ! Tu
crois que c’est drôle de ressasser tout ça ! Puis que vont dire les lecteurs
de cette histoire. Les bons lecteurs de ce conte vont applaudir au bout de
chaque chapitre, mais les mauvais ceux
qui pensent que seule leur idée est bonne, ils me font peur. Ils sont- là, en
Ibérie et ailleurs ! Ton histoire arrive, mais Rome ne se fit pas en un
jour Wald ! Mais assez de discours, tu as raison Wald, voici ton conte:
« Le monstre »
Il était une fois un pauvre enfant. Il
n'était pas encore né, qu'il était déjà maltraité et détesté par un
monstre !
Mais oui Batista et arrête de jouer avec
ta queue cela me perturbe. Mon cher Wald c’était un monstre qui ne se sentait
bien que quand il se montrait cruel
comme certaines personnes encore aujourd’hui. Cette bête à l’âme perdue, au
coeur rongé par la colère, tu sais Wald, comme ce taureau noir et meurtrier de
la Capeia Arraiana, la course de
taureaux locale, cet été à Aldeia da Ponte grattant le sol avec sa patte, elle
la bête monstrueuse, criait en crachant du feu par les yeux :
-
Não me deixes cà o teu bastardo! Não
quero putas nesta casa!
-
« Ne me confie pas ton bâtard, je ne veux
pas de putes dans cette maison ».
Ce monstre vociférant habitait le cœur de
pierre de ta grand-mère. De sa taille volumineuse, elle remplissait le
cadre de la porte d’entrée de la maison. Sa voix suraiguë et haineuse venait
de secouer comme un tonnerre le village de Roustina ainsi que tout le nord
montagneux et granitique du royaume de Lusitanie.
Ta mère était douce comme les prairies du
Gerês qui ruissellent d' eaux argentées au printemps. Elle éclata en sanglots. Son
cœur était meurtri par cet orage de mots blessants qui regorgeaient
de haine et de mépris.
C'est vrai que petit Wald, tu avais été
conçu trois mois avant le jour de son mariage. Pourtant, ce
jour-là, elle était vraiment
heureuse dans sa robe blanche. Tellement contente
de sentir la présence dans son
ventre de son enfant qui allait naître. Elle avait un mari qui la comblait. De
plus, son bébé n'avait-il pas un
père?
Tout avait si bien commencé. Elle avait
été si comblée. Elle se rappelait du jour
de son mariage. En marchant vers
l'église, son fiancé, qui allait devenir son mari, lui dit avec humour et
beaucoup de tendresse :
-
Si c'est un fils se sera un grand
footballeur, comme Eusèbio, un Benfiquiste de plus.
-
Mais Papy, moi je veux jouer à l’Académica de Coimbra !
Le
grand-père n’entendit rien plongé qu’il était dans sa narration.
-
Mais à
tous moments, les paroles du monstre retentissaient encore et avec
violence, dans sa pauvre tête.
« Puta sem vergonha sujaste para sempre o sangue
da minha familia e a brancura do vestido de casamento ».
C’était en effet, une injure telle que, même le diable, n'aurait pas osé le dire : «pute sans vergogne, tu as
souillé le sang de la famille et la blancheur de ta robe». Le ventre de ta maman c'était arrondi, et il
était évident qu'elle attendait un
bébé conçu avant le mariage.
Ta mère, la pauvre fût tellement abattue parce qu'elle avait entendu qu'elle n’éprouva même pas de
rancune. Elle fit front une fois de plus,
la gorge sèche et la mort dans l'âme sous le soleil du
matin.
- Entraste nesta familia para a sujar
mas rapido teras de sair para a limpar. Desaparece para sempre dos meus
olhos. Nunca mais te quero ver. Amanhã mesmo te vou a denunciar ao sr padre. Ce qui voulait dire approximativement, car traduire, c’est trahir le texte original,
comme l’affirme l’expression italienne traduttore traditore :
-Tu es rentrée dans cette famille pour la
salir, mais au plus vite tu dois en sortir pour la nettoyer. Disparaît pour
toujours de ma vue ! Je ne veux plus
jamais te voir ! Demain, j'en discuterai moi-même avec Monsieur le Curé.
Il n’y avait pas la moindre tendresse dans
le feu de sa colère. Tout son corps, cœur et âme était haine, mépris et
intolérance. Ses paroles tombaient sur
ta mère comme un coup de tonnerre dont le claquement retentissait dans tout le
village. Presque toutes les femmes de la
commune furent étonnées, mais pas surprises des propos violents de celle
que je n’ose pas nommer ta
grand-mère. Mais que pouvaient-elles
faire contre celle-ci.
Cependant,
à ce moment précis, personne ne
pouvait les empêcher de parler, et leurs
propos allaient bon train :
- Femme au cœur rongé par le fiel et
bouffi de méchanceté. Si les chiens avaient la parole, ils ne diraient pas de
telles ignominies. Comment ce monstre de
femme, peut-elle parler ainsi de sa
belle-fille le jour même de son mariage !
C'était sans compter sur les quatre ou
cinq familles les plus puissantes du
village et notamment les femmes.
Celles-ci ne pouvaient pas laisser passer cet indigne affront qui allait à l'encontre de à la bonne
moralité de la petite cité.
-
Mais grand Dieu que va-t-on dire de nous ailleurs, à Soutugal et même à
Lisbonne. Les mauvaises nouvelles toujours se répandent plus vite que la
foudre.
Selon elles, leur réputation était
menacée. Il fallait la défendre coûte que coûte. Pas de temps à perdre. Elles
n’allaient quand même pas laisser cette dévergondée salir leur honneur et celui
de Roustina. Leur devoir et obligation était de chasser du village cette mal
propre, cette belle du plaisir. Leur
zèle de vertu les poussa à agir avant qu’il ne soit trop tard:
-
Il faut laver au plus vite la souillure,
la tâche rouge de la blancheur de notre village de Roustina. Puis l’une d’elles
suggéra :
-
Courrons vite chez Monsieur le Curé, qui
doit-être encore à table. Qu’elle soit excommuniée ou brûlée sur la place du
village. Une autre femme ajouta :
-
A sa naissance, jetons le bâtard dans
les eaux froides du Coa avec une pierre autour du cou. Les poissons et autres
bestioles feront le reste…
-
Celle qui n’avait pas encore parlé et dont
la langue était comme un couteau aiguisé, trancha d’un coup sec :
-
Il faut faire un exemple, sinon à
l’avenir, ce ne sont pas des petits anges qui vont naître à Roustina, mais des
petits diables hideux qui vont empester l’air pur et
chrétien de notre village.
En effet Wald, l’exemple fut trouvé rapidement ! Malgré les prières en faveur de ta mère de
tout le peuple de Roustina, Monsieur le curé,
sous l’influence des puissants du village, condamna tes parents, non pas au
bûcher, comme le demandaient leurs femmes, mais à l’exil vers l’Angola aussitôt
après ta naissance.
-
Ô mon Papy ! Mais je vais la tuer
celle-là !
-
Cela ne vaut même pas la peine Wald. Sa
méchanceté s’en chargera ! Les méchants finissent par aller vite au diable et à la mesure du critère de leur
poison ! Pour le moment contente-toi seulement de m’écouter.
***
La sentence
-
Le sermon de ta dite grand-mère avait mis
le village en ébullition comme l'aurait
fait un volcan endormi qui se réveille d'un long sommeil. Les habitants certes n’osaient pas se révolter
frontalement contre la force brute des puissants du village, mais ils
agissaient indirectement, d’une façon souterraine. Leur déception et colère
n’était qu’endormie prête à bondir lorsque l’occasion se présenterait de façon propice. Alors, à la tombée de la nuit, les femmes qui étaient les plus
compréhensibles de ces problèmes se
dirigèrent accompagnées de quelques hommes vers ma maison. Un silence de cercueil les accueillit, les hommes sifflotèrent pour éveiller mon attention. En effet, le bruit me surpris, et je ne tarda pas à m’approcher de la fenêtre de la
façade de la maison. Ils m'
aperçurent aussitôt derrière les
rideaux. Je leur fis signe que j'allais
sortir sans tarder. Je savais pourquoi
ils venaient et que les femmes m'attendaient de pied ferme et avec impatience
-
Comment David peux-tu laisser ton serpent de femme cracher ainsi
son venin à l’encontre de ton fils et de ta belle fille. N’était-elle la fille
que tu attendais ?
-
Écoutez, je vais faire de mon mieux. Je m'efforçais de parler calmement
essayant ainsi de calmer la colère des femmes.
-
Mais es-tu un homme ou … ? Vas-tu
laisser ta vipère de femme….
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